Eric
Le Vergé alias Yuri Cardinal est un artiste plasticien contemporain. Sa démarche de
création croise aujourd'hui les esthétiques relationnelles et
contextuelles qu'il pratique depuis ses débuts et celle, plus récente,
du post-internet. Il intervient également en milieu scolaire et médico-social (cf. EAC) et crée dans le champ des musiques expérimentales et inclassables (cf. MUSIC). Depuis 2023, il accompagne également dans leur scolarité des élèves en situation de handicap.
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De
1997 à 2005, l'artiste expérimente sous diverses formes (installation,
vidéo, photographie, performance, livre d'artiste...) à partir des
notions de partage, de rencontre, d'échange, de convivialité et de
confiance, invitant des personnes d’horizons différents à participer,
contribuer et collaborer régulièrement à ses projets artistiques (Les
Associé.es).
Début 2004, il crée le collectif EDS auquel il se consacre presque exclusivement jusqu'en 2013. Le trio d'artistes - devenu duo en 2008 - interroge
sa propre capacité créatrice collective à s'adapter aux
différents contextes dans lesquels il intervient. Incarnant des
personnages volontiers burlesques, le duo prélève et détourne dans ce
réel des potentiels
de fiction qu'il formalise notamment par des installations
visuelles et sonores, des vidéos et des performances.
Durant cette même période et jusqu'en 2017, avec les structures associatives d'art contemporain Espace Digital Sporadique (2004-2011) et Art4Context
(2011-2017) qu'il a co-fondées, Eric Le Vergé organise de nombreuses
expositions, résidences, événements artistiques et conférences, et
publie parallèlement des éditions d’artistes sur supports numériques et imprimés.
Depuis 2014 sous le pseudonyme Yuri Cardinal,
son travail s’inscrit également dans ce qu’on appelle l’art
post-internet. Sa pratique d’appropriation et de détournement se nourrit
d’images et de textes relatifs aux grands enjeux de société actuels :
information/médias, numérique/internet, surveillance globale, écologie
& géopolitique. En fonction des résidences, des expositions et des interventions qu'on lui propose, Yuri Cardinal adapte sa démarche et tisse une relation dialogique entre le contexte d'accueil et sa pratique de détournement online.
Après dix-sept années de création artistique relevant de pratiques relationnelles, contextuelles et de collaborations transdisciplinaires dans le champ de l’art contemporain, dont dix au sein d' EDS collectif, Eric Le Vergé décide fin 2013 de marquer une pause en matière de création collective et de reprendre une activité artistique personnelle.
A la recherche
d’un nouvel espace de travail à la croisée de l’intérêt qu'il porte à l’art, à
l’information et à internet, l'artiste entreprend alors, sous le
pseudonyme/projet Yuri Cardinal, un work in progress
consistant à expérimenter artistiquement au sein du contexte internet donné par
le réseau social Twitter et les applications Maps et Street View du
moteur de recherche Google.
Au sein de ce
réseau, le cadre de travail qu'il se donne est celui des actualités du
monde en général et de l’art contemporain en particulier, se limitant à ne
suivre que les professionnels de ces milieux et les twittos amateurs qui relaient ces informations.
" We're
interested in information, we're not interested in music as such.
And we
believe that the whole battlefield […] is about information."
Genesis
P-Orridge, Throbbing Gristle, in RE/SEARCH Industrial Culture Handbook, 1983.
YURI CARDINAL
Sa pratique contextuelle à partir du réseau social Twitter et d'outils Google, interroge le rapport au temps communicationnel et aux sources informationnelles (image, texte) par l'appropriation, le détournement et le jeu de décontextualisation/recontextualisation.
Sa recherche s'élabore à partir d'un protocole de création qui se nourrit de l'espace/vecteur virtuel du flux
de données numériques et d'informations de l'internet. Le web permet à l'artiste d'utiliser ce réseau comme lieu de création/diffusion
d’oeuvres qu'il décline, développe et matérialise ensuite dans le white cube ou l'espace public sous diverses formes : installation, vidéo, photographie, performance, intervention dans l'espace urbain, musique et son…
En fonction des résidences, des expositions et des interventions qu'on lui propose, Yuri Cardinal adapte sa démarche que l'on peut résumer ainsi : analyse du contexte d'accueil, mise en relation dialogique de ce contexte avec sa pratique de détournement online, création d'images diffusées via les réseaux sociaux de l'internet puis installées et recontextualisées au sein des espaces qui sont mis à sa disposition ou qu'il s'approprie.
" A la chute
de l’Empire romain d’Orient, en 1453, une grande quantité d’ouvrages antiques
ont traversé la méditerranée pour arriver dans le plus grand centre
marchand : Venise.
De là, les ouvrages se répandirent en Italie puis dans
toute l’Europe.
Cet accès à un Age d’or de la pensée humaine a radicalement
transformé la société.
Aujourd’hui, Internet crée un phénomène
analogue
dans la mesure où l’internaute prend conscience de l’immensité du
potentiel créatif humain
(90% du contenu numérique a été crée ces deux
dernières années).
C’est un raz-de-marée d’informations.
Frédéric Clad, L’impact de la révolution digitale sur l’art contemporain, 2016 "
Frédéric Clad, L’impact de la révolution digitale sur l’art contemporain, 2016 "
ENGLISH TRANSLATION :
Since the beginning in 1997, Eric Le Vergé's work is about contextual
and transdisciplinary art.
His current artwork is in progress on the internet since
January 2014 under the alias of Yuri Cardinal.
From the social network Twitter and Google tools, his
contextual practice questions the relationship to communication time and
informational resources (images, texts) by appropriation, misappropriation and
discontextualization/recontextualization work.
His research builds on a virtual space/vector (the
information flow of the Internet network) which gets him a creation/distribution
place for artworks to be realized and developed in the real space (art gallery
and urban space).
His working subject is thus the informative continuous
flow of this social network which is produced by its members by means of short
messages (tweets) including texts, images and hypertext links.
His first action consists in stopping this continuous flow via screen shots that he call "scans" or "freeze flows" (as we say "stills" or "freeze frames" in cinema). He archives every "scan" on his computer as a diary for each project.
So, these "scans" constitute his material and his
working data which he turns into textual, visual and sound creations, by a
discontextualization/recontextualization work integrating a critical and
political dimension of the information.
Then he adapts this source material (from the Twitter matrix) under various forms (installation, video, performance, sound, music, etc.)
according to the context of intervention of his artistic work.
Autoportrait / Self-portrait (John Giorno)